éthique personnelle

Publié le par Raf

vendredi 10 mars 2006

 

 

            Le plus grande erreur en matière d’éthique est la tentation de l’objectivation. L’homme tente en vain d’objectiver son moi profond, son savoir, ses expériences, ses sentiments. L’éthique est un domaine totalement culturel, donc subjectif. Derrière toute philosophie qui parle d’éthique, toute politique, toute loi au sens d’objet est un philosophe, un politiste, un juriste, un homme qui exerce son humanité, son sentiment de vérité, en un mot sa volonté de puissance. Mais la vérité existe-t-elle dans le monde subjectif ? Dans le monde de l’expérience, de la sensualité ? Existe-t-elle dans le monde de l’éthique ? Cela semble improbable. La vérité ne peut par définition ne porter que sur des objets. Si par vérité on entend par là dire que ce qui existe dans la réalité est effectivement tel, alors la vérité passe par la connaissance, c'est-à-dire, comme Zeno le montrais, un poing qui attrape la réalité. En effet, que m’importe de croire en une vérité qui n’est pas atteignable ? Si je ne peux l’attraper ? Dieux existe-il ? Que m’importe ! La question est de se demander si je puis vivre sans dieux. Non, il est deux types distincts de vérité. Il y a la vérité objective, celle des objets, celle de la matière, celle de la physique, celle enfin qui est attrapable. Et il y a la vérité subjective, celle de l’homme qui sent la vérité que lui confère son corps et ses sens individuels, celle pensée par Protagoras. Cette seconde sorte est aussi celle des normes, ces objectivations de vérités individuelles. Le paradoxe de la vérité individuelle, sensuelle, conceptuelle et idéale, est celui qui veut que par définition la vérité individuelle ne puisse être objectivée et donc en aucun cas qualifiée de vraie. L’homme, conscient de sa vérité, mais ne pouvant transmettre de façon « idéale », mais non plus de façon sensuelle, cette précieuse denrée, il en fait un idéal, il la transforme, la dénature, il la pousse en dehors de lui. Elle devient alors autre. L’homme se sentait, il ressentait, il vivait ; désormais il parle, des mots, des objets, des projections sortent de sa bouche entraînée. Et ce qu’il en sort est la culture en tant qu'objet , cette constellation où la vérité n’existe pas ! Et de cette culture commune sort  une Ethique commune, désignée pour plus d’un. Il existe bien un lien entre les sens, l’idée, et la norme mais ce n’est pas celui de la vérité. Le lien dont je parle est accouchement, il est maïeutique, il est expulsion, dénaturation, et création… Comme la vie intra-utérine de l’enfant diffère de la vie extra-utérine, la norme diffère de la vérité du corps.

Publié dans philog

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article