regard et considération affective

Publié le par Raf

dimanche 26 mars 2006

            Le regard est révélateur d’attitude. Il y a celui qui a le regard baissé, celui qui regarde loin à l’horizon et celui qui porte son attention vers le ciel. Ces trois attitudes sont aujourd’hui désincarnées du sens important qui leur était attribué, à savoir respectivement l’introspection, la politique et la spiritualité.

Celui qui regarde le sol semble tourné vers lui, il regarde en fait son corps, il est attentif à tout ce qui est proche et qui interagit avec lui. Il ne porte que peut d’intérêt ou bien un intérêt bien lointain à ce qui ne le concerne pas. Son immanence est son principal souci. C’est un égocentrique.

Celui qui regarde le ciel fuit sa condition, fuit son corps limité et impropre pour lui. Il est dans l’idéal, dans le spirituel. Il considère ce qui l’entoure, ce qui est loin comme ce qui est proche, indigne de son intérêt spirituel. En outre, il voit le monde temporel avec ses yeux idéels. Et juge en conséquence. Sa transcendance est son principal souci. C’est un idéaliste.

Celui dont le regard porte loin, celui qui regarde l’horizon est un meneur. C’est le partisan du juste milieu, du progrès temporel, de l’investissement à long terme. Il considère ce qui l’entoure, ce qui le concerne comme ce qui ne le concerne pas. Il est maître dans l’art de l’universel au sens grec, ce qui concerne plus de un élément. C’est un politique.

Il n’est pas difficile de voir que ces trois attitudes sont plus ou moins contradictoires et qu’elles interagissent au sein d’une société comme au sein de l’individu.

Le politique est celui qui a l’avantage car c’est lui qui par sa vue lointaine repère le gibier lors de la chasse ancestrale. Cet avantage il en tire profit. Il devient chef, il impose le progrès et le lien social, il promeut l’universalité car cette universalité lui est profitable et il peut la penser profitable pour les autres. L’idéaliste compense son désavantage en insufflant des chimères transcendantales, des après mondes, des valeurs. C’est lui qui inspire la peur et/ou la culpabilité. Telle pierre devient alors sacrée, telle action est morale, digne d’éloge ou de reproche, de contentement ou de culpabilité. L’égocentrique quant à lui se défend contre toute tentative d’agression contre lui, il recherche l’ataraxie. Il n’a que peu de considération pour le progrès, pour l’universel, pour l’extérieur du cercle qui l’affecte. Il considère cependant très intensément ce qui l’affecte et par analogie ce qu’il affecte. Son avantage est bien plus subtil : il est celui qui a conscience de l’influence que les deux autres tentent d’exercer sur lui. Il parait esclave mais il est le maître car son domaine aussi réduit qu’il soit comparativement à ceux des deux autres espèces est bien plus appréciable et compréhensible.

            Dans une analyse moins catégorielle, les hommes diffèrent en degré d’extension de leur espace d’affection mutuelle. Cette aire va de l’ego, du particulier à l’universel, ce fameux « plus que deux », et de l’universel au transcendantal, « ce qu’il y a derrière, au dessus ».  J’ai décrit plus tôt le passage de la Culture personnelle à l’idée universelle et transcendantale. L’espace d’affection mutuelle est ce que l’individu considère comme en interaction physique et expérientales, ce moi et ce qui forme mon moi, les atomes qui forment mon corps et les atomes qui entourent mon corps. Ces atomes et systèmes d’atomes sont en interactions via la force d’affection, physique ou expérientale. Une différence qui sévit entre les hommes est le degré de force, et par conséquent l’extension de l’aire d’affection. Et comme toute force, elle est une force d’interaction.

Celui qui cherche l’ataraxie recherche évidemment un contrôle plus assuré sur son espace d’affection mutuelle. Le seul moyen de contrôler cette zone est d’en diminuer la taille, d’y attirer toute son attention, toute son affection. Le politique quant à lui est ambitieux, il veut élargir son cercle et uniformiser les espaces d’affections étrangers à son profit. Il porte donc plus d’attention au lointain. Le transcendantal veut que tous, tout ait le même et unique espace.

Publié dans philog

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